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Affaire Awa Fadiga/ Des têtes vont tomber


–         La crédibilité du Procureur en jeu

Le ministre de la justice de Côte d'Ivoire, Gnénéma Coulibaly (Ph: Dr)

Le ministre de la justice de Côte d’Ivoire, Gnénéma Coulibaly (Ph: Dr)

Le Procureur de la République, Adou Richard Christophe s’est rendu avec une équipe de gendarmes au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Cocody, jeudi 27 mars 2014, et a demandé à la famille d’Awa Fadiga, qui s’apprêtait à procéder à la levée du corps, de surseoir à son inhumation. Ce, pour lui permettre de faire une enquête dans 72h. Le président  de Liberté et Démocratie pour la République (Lider), Pr. Mamadou Koulibaly, qui se trouvait sur les lieux avec la famille, a salué cette initiative.

Un acte de haute portée dont les résultats sont très attendus par l’ensemble de la société civile et tous ceux qui souhaitent que la vérité éclate au grand jour afin que les responsabilités soient situées dans cette affaire qui défraie la chronique. Maintes fois décrié par les patients des hôpitaux publics, le traitement des malades transférés aux urgences des différents CHU de Côte d’Ivoire n’a jamais fait l’objet d’attention particulière du ministère de la Santé. Aucun ministre n’a présenté officiellement le point des plateaux sanitaires à la population. La tutelle s’est plutôt contentée de s’attaquer aux médecins véreux qui dénaturent la mission qui leur est dévolue. Ce combat devrait être accompagné par la réhabilitation de  ces patients. Dans la mesure où, une fois dans cette salle la victime lutte entre la vie et la mort. Sur quelle base la tutelle s’est-elle appuyée pour décrétée 2013, « année de la santé »  si le CHU de Cocody, quartier présidentiel ne dispose pas d’un plateau sanitaire appréciable ? Le décès dans la fleur de l’âge, de la jeune fille mannequin dans des conditions diversement interprétées met au grand jour les lacunes des premiers responsables en charge de la Santé en Côte d’Ivoire. Si le gouvernement s’active à ouvrir des chantiers au niveau des infrastructures qu’est-ce qui a été présenté dans le cadre du mieux être des populations par le ministère de la Santé et de la Lutte contre le Sida ? Dans la mesure où le gouvernement sait très bien que c’est dans un corps sain que chaque citoyen peut travailler. Est-ce, parce que la santé du citoyen des quartiers moins nantis et à faible taux de revenu n’a aucune importance aux yeux du gouvernement ? La réponse est non et mille fois non. Pour preuve, les doléances de certains centres de santé communautaires sont prises en compte par la Fondation Children  of  Africa Mme Dominique Ouattara pour répondre aux sollicitations de ces quartiers. Outre des dons en matériels de travail pour booster le travail de certains jeunes dans ces quartiers à faibles revenus, elle fait aussi des dons en matériels sanitaires dans ces centres de premiers contacts avec les populations. Comment parvient-elle à le faire ? C’est parce que les responsables de ces centres communautaires recensent leurs besoins, et en retour elle offre ce qui est à la possibilité des moyens de sa Fondation. Sur la question qui suit et qui fâche, qu’est-ce qui a été fait par la ministre de la Santé et de la Lutte contre le Sida Raymonde Goudou Coffie auprès du gouvernement ? Et quand ? Ce même gouvernement qui, suite à la crise postélectorale a réussi sans grand moyen à instaurer les soins gratuits pour soulager les populations a-t-il eu connaissance des requêtes urgentes du premier responsable de la Santé en Côte d’Ivoire ?

Cette enquête dont les résultats sont très attendus doit répondre à ses questions dans moins de « 72h » pour éclairer la lanterne des Ivoiriens et tous ceux qui suivent de très près le fonctionnement de l’administration hospitalière des hôpitaux publics en Côte d’Ivoire, afin de situer les responsabilités. Si ce n’est pas fait, on finira par sacrifier un bouc-émissaire comme il a toujours été le cas sous nos cieux en Afrique et particulièrement en Côte d’Ivoire. Celui de Méité Adama directeur des Finances et du Patrimoine du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique dont décret de radia        tion a été pris par, Alassane Ouattara mettant fin à ses fonctions pour « problèmes de gouvernance constatés lors des travaux de réhabilitation de l’Université d’Abidjan » est encore frais dans les esprits. Loin de nous de retourner le couteau dans une plaie déjà saignante, il ne faut pas sanctionner parce qu’on doit faire baisser la tension. Il faut sanctionner sur des faits irréfutables qui incombent un individu. Peu importe son rang et ses accointances avec le sommet de l’Etat.

Si le Procureur de la République, Adou Richard Christophe a réussi à surseoir à l’inhumation de Awa Fadiga, pour une autopsie, bien que cela  est interdite par la religion musulmane, c’est qu’il y a un doute légitime et des indices qui le motivent. Il est clair que des têtes tomberont, mais il faut éviter la légèreté dans les sanctions qui suivront.

Serges Mignon

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