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Etats-Unis/Cuba: le Congrès désapprouve le rapprochement entre les deux pays


Si le rapprochement historique des Etats-Unis avec Cuba s’annonce comme une avancée majeure dans les relations diplomatiques entre les deux pays, il n’a pas fait que des heureux. L’embargo, en place depuis 1962, doit encore faire l’objet de bien des discussions, et le Congrès américain ne semble pas voir une possible levée de cet embargo d’un bon œil.

Des démocrates et républicains confondus, membres du Congrès, ont annoncé mercredi 17 décembre, qu’ils opposeraient une résistance à la levée de l’embargo, pourtant réclamée par le président Barack Obama.

« Encourager tous les pays qui soutiennent le terrorisme »

Le sénateur de Floride, Marco Rubio, a notamment dénoncé la naïveté de l’initiative. « La Maison Blanche a tout concédé, mais obtenu peu de choses », a-t-il déclaré. Concernant la levée de l’embargo, une telle décision s’avère délicate étant donné que c’est Marco Rubio lui-même qui présidera dès janvier la sous-commission des Affaires étrangères qui sera chargée d’interroger et confirmer le prochain ambassadeur américain à Cuba. Ses mots sont sans ambiguité. «  »Ce Congrès ne lèvera pas l’embargo », a-t-il affirmé, soulignant au passage qu’il utiliserait « tous les outils à [sa] disposition pour contrecarrer autant que possible les changements annoncés ».

Allant dans le même sens, Le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, a regretté « une longue série de concessions irréfléchies à une dictature qui brutalise son peuple et complote avec nos ennemis ». « Cela va encourager tous les pays qui soutiennent le terrorisme », a-t-il déclaré.

De leur côté, les démocrates aussi ont des réticences. Leur argument: ce rapprochement « cautionne le comportement brutal du gouvernement cubain », a par exemple justifié le sénateur Robert Menendez, qui présidait jusqu’à présent la commission des Affaires étrangères et fait partie du groupe de parlementaires viscéralement hostiles à une levée des sanctions contre Cuba.

Il déplore notamment l’échange de trois espions cubains contre un Cubain emprisonné sur l’île pour avoir espionné au profit de Washington. « Cet échange asymétrique ne fera qu’inciter Cuba à devenir plus belliqueux envers l’opposition cubaine », a-t-il prédit.

Accueil chaleureux aux Etats-Unis et en Europe

Le geste de Barack Obama a pour autant été relativement bien perçu par l’ensemble de la communauté internationale. Aux Etats-Unis et en Europe, on salue un « geste courageux », qui va permettre à Cuba de sortir de son isolement. Parmi les premiers à réagir, le pape François, présenté comme l’un des principaux artisans de ce rapprochement. Dans un communiqué, le Vatican a exprimé son soutien. « Le Saint-père désire exprimer sa grande satisfaction pour la décision historique des gouvernements des Etats-Unis et de Cuba d’établir des relations diplomatiques, afin de surmonter, dans l’intérêt de leurs citoyens respectifs, les difficultés qui ont marqué leur histoire récente ».

Le Canada, qui a été « l’hôte de hauts dirigeants des Etats-Unis et de Cuba » à partir de juin 2013, a félicité lui aussi les deux gouvernements « pour leur dialogue et leurs négociations qui portent fruit et qui conduiront à des relations normalisées », a indiqué le Premier ministre Stephen Harper. Le Canada est l’un des rares pays des Amériques à n’avoir jamais rompu ses relations diplomatiques avec Cuba après la révolution de 1959.

L’ensemble des pays d’Amérique latine ont également exprimé leur satisfaction face à ce geste historique. « Le geste d’Obama est courageux et nécessaire pour l’Histoire », a déclaré le président vénézuélien Nicolas Maduro. En Equateur, le ministre des Affaires étrangères a félicité « Cuba et les Etats-Unis pour les accords obtenus », à l’instar de son homologue chilien.

L’Union européenne, qui cherche elle-même à renouer des relations avec Cuba suspendues depuis 2003, a salué un « tournant historique » représentant « une victoire du dialogue sur la confrontation ». « Aujourd’hui, un nouveau mur commence à tomber », estime dans un communiqué la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. »Cet avenir ne pourra se construire que sur le respect de la démocratie et des droits de l’Homme », a aussi prévenu le ministre espagnol des Affaires étrangères, Manuel Garcia-Margallo, saluant « une nouvelle porteuse d’espoir ».

La France, de son côté, espère que ce rapprochement aboutira « à la levée à terme de l’embargo sur ce pays », a déclaré son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Enfin, l’Allemagne a salué « une très bonne nouvelle en ces temps riches en conflits ».

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