Grands Genres

Invités à venir investir en Côte d’Ivoire : Voici comment des autorités plombent l’initiative du Président Ouattara


Soumaoro Ibrahima, la victime d'une vaste opération d'escroquerie à Yamoussoukro.

Soumaoro Ibrahima, la victime d’une vaste opération d’escroquerie à Yamoussoukro.

Dès son investiture le 21 mai 2011 à la tête de l’Etat, le Président de la République s’est évertué à rétablir la confiance, effritée par dix années de règne de son prédécesseur Laurent Gbagbo, avec la communauté des investisseurs à travers le monde.

Pour ce faire, il a initié plusieurs voyages en vue de motiver ceux-ci à revenir investir en Côte d’Ivoire. Le faisant, Alassane Ouattara n’a pas omis les Ivoiriens de la diaspora. Partout où le chef de l’Etat est passé, il leur a demandé d’être les premiers à venir contribuer à la relance économique de leur pays. Si plusieurs ont hésité à prendre le chemin du retour vers la terre natale, ce n’était pas le cas pour certains qui ont eu confiance au Président Ouattara. En grand nombre, ces Ivoiriens de la diaspora ont répondu à l’appel de leur Président en revenant investir dans plusieurs domaines d’activités qui, fort heureusement, connaissent actuellement des succès notables.

Plutôt que de rester à Abidjan, la capitale administrative déjà truffée de nombreux entrepreneurs, plusieurs d’entre les candidats à l’investissement ont choisi l’Intérieur de la Côte d’Ivoire. C’est le cas notamment de Soumaoro Ibrahima qui a choisi de s’investir dans l’immobilier à Yamoussoukro, sa ville natale.

Entre temps, bien qu’animé d’une volonté de construire des habitats, celui-ci ne disposait pas de terrains pour réaliser le projet qui lui tenait à cœur. Il décide alors de prendre patience jusqu’à sa rencontre avec Monsieur Yobouet Kouassi René par le canal de son neveu Soumahoro Souleymane et de son notaire Kouadja Oi s’engager Kouadja Lucien, résidant à Bouaflé. Lequel notaire l’a encouragé dans sa démarche avec M. Yobouet.

Une rencontre qui se présentait comme une véritable aubaine, eu égard à la clause de contrat qui va s’en suivre entre Soumaoro Ibrahima et la Cicogetra, entreprise du sieur Yobouet Kouassi René qui avait alors en charge les travaux de lotissement du quartier Kpoussoussou-Extension dans la commune de Yamoussoukro.

En effet, bloqué dans l’achèvement de ces travaux par manque de liquidité financière, la Cicogetra, par l’entremise de Yobouet Kouassi René, a noué un contrat avec Soumaoro Ibrahima qui permettait ainsi à celui-ci de prêter la somme de 2.700.000 FCFA l’entreprise en question ( Voir Fac similé N°1 convention de prêt).

Selon les termes de ce contrat, la Cicogetra devait rembourser l’argent emprunté dans un délai de deux mois, à compter de la signature dudit contrat, précisément le 22 octobre 2013.

Fac-similé N° 1

Fac-similé N° 1

Notons que  la convention expresse entre les parties précise que le remboursement devait se faire en nature, par l’octroi au profit du prêteur, trois attestions ou lettres d’attribution comportant ensemble trois terrains collés d’égale superficie d’au moins 750 m2 dans le lotissement de Kpossoussou concerné. A défaut, le même contrat souligne, selon l’engagement des différentes parties, que le prêteur pourra exiger de l’emprunteur, un remboursement en numéraire productif d’un intérêt de 25% du montant prêté.

Voyant dans ce contrat une opportunité inespérée de s’octroyer des terrains et réaliser son projet de construction immobilière à Yamoussoukro, Soumaoro Ibrahima n’a pas hésité devant ce que lui-même qualifie d’offre inattendue. C’est donc en bonne foi qu’il donne son accord de principe à son neveu Souleymane Soumahoro pour ficeler l’affaire avec Yobouet Kouassi René.

Malheureusement, des mois plus tard, après que l’argent eut été reversé à la Cicogetra, le sieur  Soumaoro Ibrahima se rend compte qu’en réalité, le manque de liquidité pour parachever l’opération de lotissement Kpossoussou-extension n’était qu’un fallacieux prétexte à une opération d’arnaque. Un véritable engrenage dans lequel il s’était laissé entraîner avec la complicité de son neveu. Engrenage qui, selon lui, fait intervenir plusieurs autorités de la région des Lacs.

En effet, des mois après l’expiration du délai de remboursement, devant l’attitude suspecte du patron de la Cicogetra à honorer ses engagements, M. Soumaoro dépose une plainte contre Yobouet Kouassi René au commissariat du premier arrondissement de Yamoussoukro et au commissariat de Bouaflé le 11 février 2014. (Voir Fac-similé N°2 convocation)Lire la plainte de Soumaoro Ibrahima

Malheureusement pour Soumaoro Ibrahima, sa plainte est restée sans suite, d’autant plus que pour lui, M. Yobouet bénéficie d’un soutien obscur au sein de la préfecture de police de Yamoussoukro. Sinon, comment comprendre que l’un des complices du patron de Cicogetra ait été mis aux arrêts par les soins du capitaine Adon du 1er arrondissement, pour être remis en liberté quelques jours plus tard sans avoir été conduit devant le parquet pour escroquerie.

Pour le plaignant qui a eu un entretien téléphonique avec le capitaine Adon, l’un des supérieurs du policier semble être le protecteur de la bande dirigée par Yobouet Kouassi René. Car, selon lui, au cours de l’entretien téléphonique, il a été informé de ce que des pressions en provenance du commissaire Goba auraient été exercées sur le capitaine de police, pour libérer le complice appréhendé.

La complicité avérée de plusieurs autorités

Les interrogatoires auxquels a été soumis le complice de Yobouet Kouassi René dans les locaux du 1er arrondissement de police de Yamoussoukro ont, selon Soumaoro Ibrahima, contribué à délier la langue de celui-ci. Au point où il a mentionné des noms de certaines autorités locales, et non des moindres qui ont permis de remonter le fil de l’escroquerie organisée au su et au vu de tous à Yamoussoukro.

En effet, en fin limier, M. Soumaoro nous fait savoir que le capitaine Adon a fait appeler Yobouet Kouassi René par son complice. Et c’est au cours de leur conversation que des masques sont tombés du visage de certaines autorités de la région des Lacs. Notamment le Directeur régional de la Construction nommément cité au cours de la conversation.

Il n’en fallait pas plus pour que le plaignant porte l’affaire devant le tribunal de Toumodi, en vue de rentrer en possession de son argent qui est désormais passé à 3.375.000 Fcfa, eu égard à l’intérêt de 25% appliqué à la somme initialement prêtée. (Voir Fac-similé N°3 plainte au tribunal de Toumodi)

Fac-similé N°2

Fac-similé N°2

Là encore, les espoirs de Soumaoro Ibrahima ont été vite dissipés devant le silence troublant des autorités judiciaires de la ville de Toumodi. Las d’attendre une justice qui tarde encore à se prononcer, l’Ivoirien de la diaspora qui ne vient ici que par saison, a décidé de s’en remettre au Président de la République qui, l’on pourrait l’écrire, l’aurait incité à revenir investir dans son pays.

Au regard de ce qui précède, des questions reviennent avec récurrence. Qu’est-ce qui peut bien justifier cette injustice à l’endroit d’un concitoyen de la diaspora qui s’est plié à la volonté du Président de la République en venant investir dans son pays ? Dans quel Etat sommes-nous donc, si des personnes peuvent se permettre d’extorquer en toute impunité, de l’argent à d’honnêtes citoyens, pour être couverts par ceux qui devaient taper du poing sur la table pour mettre fin à de tels travers ?

A ce rythme, il va s’en dire que la marche vers l’émergence est déjà compromise. D’autant plus que les investisseurs, qu’ils soient de la diaspora ivoirienne ou d’autres nationalités, hésiteront à venir investir et accompagner l’économie de la Côte d’Ivoire.

Idrissa Konaté

Commentaires

commentaires