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Peut-on guérir du sida? Le point sur les différents cas à l’occasion de la journée mondiale contre le sida


Peut-on guérir du sida? A l’heure actuelle, la réponse est toujours négative. On peut contenir la maladie, c’est-à-dire faire en sorte que le système immunitaire contrôle efficacement le virus. Il n’existe toujours pas de vaccin préventif, près de 30 ans après l’identification du virus.

A ce jour, plusieurs cas de « guérisons » ont fait parler d’eux. Rémissions? Guérisons apparentes? Ou réelles guérisons? A l’occasion de la journée mondiale contre le sida établie par l’OMS, qui a lieu ce lundi 1er décembre, LePointSur avec Le HuffPost fait le point sur ces différents cas.

Timothy Brown, dit le patient de Berlin

Timothy Brown, l'homme qui a guéri du SIDA

Timothy Brown, l’homme qui a guéri du SIDA

Il est « la preuve vivante qu’on peut guérir du sida« . Timothy Brown, le patient américain soigné à Berlin, a été déclaré guéri en 2012.

Vraiment guéri. Malade du sida mais aussi atteint par une leucémie, ce patient aurait pu mourir deux fois. Mais son médecin berlinois, un hématologue, a eu l’idée salvatrice, celle de soigner les deux maladies en même temps, avec la même greffe. La leucémie est en effet le cancer des cellules de la moelle osseuse, pour la soigner il faut recevoir une greffe de moelle osseuse. Le docteur Hütter a cherché un donneur qui serait également porteur de cellules immunitaires mutantes résistantes au VIH.

Ces cellules sont bien connues, mais selon les estimations, seule 0,3% de la population en est dotée. Un peu plus si on ne tient compte que de la population caucasienne: 1%.

Cette mutation touche le gène dit CCR5, qui est utilisé par certains virus comme le VIH pour entrer dans les cellules hôtes, les lymphocytes CD4. Chez les personnes porteuses de la mutation, la « serrure » de ce gène est verrouillée. Le VIH ne peut donc entrer nulle part, et ces personnes sont immunisées.

Timothy Brown a donc reçu une greffe de moelle osseuse de l’un de ces porteurs, en 2007. Cette greffe l’a guéri à la fois de la leucémie et du sida. A ce jour, aucun signe d’infection par le VIH n’est détectable, malgré l’arrêt de ses traitements antiviraux.

La cohorte de « Visconti », 14 cas de quasi-guérison

Publiée dans la revue américaine PLOS Pathogens en mars 2013, une étude de chercheurs français montrait que 14 patients français parvenaient à contrôler sans médicaments l’infection par le VIH.

Il s’agit des 14 personnes de la cohorte Visconti (Virological and Immunological Studies on CONtrollers after Treatment Interruption) qui intéressent beaucoup les chercheurs. Et pour cause, contaminés par le virus du sida, puis rapidement traités par antirétroviraux (dix semaines après l’infection), ces patients ont arrêté leur traitement après environ 3 ans.

Sept ans et demi après cet arrêt, ils étaient capables de contenir l’infection, sans aucune aide médicamenteuse. « Le traitement précoce a probablement contenu les réservoirs viraux, et préservé les réponses immunitaires, combinaison qui a certainement pu favoriser le contrôle de l’infection après l’arrêt du traitement », expliquait à France Info le Professeur Christine Rouzioux, de l’hôpital Necker à Paris.

Le bébé d’une mère séropositive d’abord en rémission mais pas guéri

guerir du vih

Nous avons suivi sur Le HuffPost son histoire de près. En mars 2013, on annonçait la guérison fonctionnelle de cette petite fille née dans le Mississippi avec le virus du sida, transmis par sa mère séropositive non traitée. Moins de 30 heures après sa naissance, le nouveau-né avait reçu des antirétroviraux, un traitement agressif car normalement on attend plus longtemps même lorsque le risque est élevé.

Les médecins ont tout de suite pu constater une diminution de la présence virale, jusqu’à ce que le virus soit indétectable, 29 jours plus tard. La petite fille a été traitée jusqu’à ses 18 mois.

A trois ans, soit un an et demi après l’arrêt du traitement, l’enfant était toujours déclaré en rémission. « Nous parlons de rémission car nous voudrions observer l’enfant pendant plus longtemps afin d’être absolument sûrs qu’il n’y ait pas de rechute », indiquait Katherine Luzuriaga, une experte de l’université du Massachusetts impliquée dans le soin du bébé.

Une prudence bien sentie car en juillet 2014, la petite fille de 4 ans alors a été testée séropositive. « Le cas de cet enfant du Mississippi montre que le traitement précoce aux antirétroviraux n’a pas complètement éradiqué le réservoir de cellules touchées par le VIH. Mais il pourrait avoir considérablement limité son développement et permis d’éviter qu’elle prenne des antirétroviraux pendant une longue période », expliquait Anthony Fauci, directeur de l’Institut national de l’allergie et des maladies infectieuses (NIAID).

Même si la nouvelle est plus que décevante, ce cas représente néanmoins un espoir, d’autant plus que sous antirétroviraux, la petite fille se porte bien. Comme souligné sur le New York Times, le virus est revenu après deux ans et non pas quelques semaines. Il faut donc comprendre comment cette rémission, puis cette réapparition, ont pu se produire.

Les regards se tournent également vers un second bébé possiblement guéri, une petite fille née en Californie et traitée elle aussi directement aux antirétroviraux. Aucune trace du virus n’était détectée dans son organisme onze mois après sa naissance.

Deux hommes infectés dont l’un depuis 30 ans sans jamais être malades

Les deux portaient en eux le VIH bien qu’il n’ait jamais pu être détecté dans leur sang. Le virus était en fait inactivé par un système d’interruptions de l’information censée être délivrée par le VIH. Le virus est donc dans l’ADN, mais il ne peut pas se multiplier.

La parution début novembre d’une étude dans la revue Clinical Microbiology and Infection éclaircissait cet intrigant phénomène. La clé se situerait dans une enzyme bien connue, l’Apobec. Celle-ci est l’une de nos potentielles armes contre le VIH mais elle est normalement inactivée par une protéine du virus lui-même.

Dans ces deux cas, plus que d’une guérison il s’agit d’une immunisation. Ces deux hommes, âgés respectivement de 57 et 23 ans, ont des enzymes capables de bloquer l’évolution du virus. Ils ne sont pas porteurs de la mutation génétique déjà connue dont nous parlions un peu plus haut.

Pour le professeur Raoult, professeur à la faculté de médecine de Marseille, spécialiste des microbes de la Fondation Méditerranée Infection de Marseille (URMITE/CNRS/Inserm/IRD), interrogé par l’AFP, cette découverte pourrait nous entraîner à repenser le terme même de « guérison », aujourd’hui réservé à l’éradication du virus dans l’organisme.

Aujourd’hui on ne sait donc toujours pas comment chasser le virus de tous les réservoirs dans lesquels il se cache rapidement, pour en ressortir très (trop) rapidement après l’arrêt des traitements antirétroviraux. Seuls certains cas (la cohorte de Visconeti, le bébé du Mississippi), font exception, certainement car ils ont été traités extrêmement rapidement après l’infection.

Un peu plus de trente ans après l’identification du virus, il n’existe toujours pas de vaccin préventif. Mais chaque année, les recherches continuent et progressent. L’un des derniers espoirs? Des cellules souches conçues pour rendre le système immunitaire résistant au VI

LePointSur avec Huffington Post

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